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Gérard Coulon Le bonheur chez les Romains Xavier Bonnet Athéna, Méduse et le serpent

Gérard Coulon a participé à l'ouvrage collectif Il est directeur de recherches au CNRS en herpétologie
"Histoire mondiale du bonheur", dans lequel il a (étude des reptiles et amphibiens), spécialiste des ser-
rédigé l'article : Le bonheur pour les Romains. pents.
Préparée spécialement pour le sa-
lon, sa conférence, illustrée comme C’est par curiosité qu’il s'est intéressé à l'image et la
toujours de nombreux documents, symbolique du serpent dans la mythologie grecque, et
a été élaborée à partir des recher- plus précisément à ses liens avec la déesse Athéna.
ches qu'il a effectuées à cette occa-
sion. A l'origine, le fondateur et civilisa-
Les traités philosophiques sur le teur d'Athènes était Kékrops, mi-homme, mi-serpent.
sujet ne nous éclairent pas sur le
bonheur des gens ordinaires dans la vie courante, et on n'a C'est plus tard qu'Athéna est devenue la déesse protec-
pas retrouvé de témoignage. trice de la cité. Et contrairement à
Pour son étude, Gérard Coulon s'est donc basé sur les ves- l'idée communément admise, l'ani-
tiges archéologiques, en particulier sur les monuments funéraires. mal emblématique d'Athéna est

Il s'est intéressé au bonheur en différents aspects de la vie : plus le serpent que la chouette.

Le bonheur conjugal et familial : les inscriptions sur les Dans l'iconographie de la déesse,
stèles sont des formules stéréotypées. Difficile d'y déce- les serpents apparaissent beaucoup
ler la réalité des sentiments, d’autant plus que le maria- plus souvent, y compris sur la fa-
ge "de raison" était la règle. Cécrops, meuse statue chryséléphantine qui

fondateur d’Athènes
La satisfaction tranquille de l'artisan : trônait au Parthénon et représen-
les artisans se font souvent représenter dans l'exercice tait la déesse tutélaire accompagnée de son serpent sa-
de leur travail, ce qui prouve cré, et était décorée du motif du serpent et de la gorgo-
qu'ils sont fiers et heureux ne. Persée avait fait don à Athéna de la tête de Méduse
Stèle funéraire de leur métier, malgré le

d’un forgeron mépris des "intellectuels". qu'elle portait en plastron pectoral. Souvent, cette tête est représentée au cen-
tre de l'Egide, le bouclier de la déesse.
Les petits bonheurs :
les blagues, les repas, l'amour Les Grecs n'avaient pas la phobie des serpents, tout comme de nombreux

Panem et circenses, du pain et des jeux : Le triclinium, où les riches Ro- peuples. Ces animaux sont présents dans la plupart des mythologies du
les citoyens romains bénéficiaient sous l'Empire mains mangeaient … allongés monde, souvent protecteurs (le serpent d'Asclépios présent sur le caducée,
de 182 jours fériés par an. Ils assistaient à des l'Uraeus des pharaons égyptiens, le Quet-
courses de chars au Circus Maximus (120 000 places) ou à des joutes sporti- zalcóatl des civilisations précolombien-
ves et combats de gladiateurs au Colisée (50 000 places). Le but des diri- nes…), mais aussi et souvent, dangereux
geants était de rendre le peuple heureux afin qu'il ne se révolte pas.
ou destructeurs.
Le bonheur perdu : C'est le mythe d'Adam et Eve qui a fait
Après l'extension de l'Empire romain, l'adoption de nouvelles coutumes, le changer notre point de vue sur le serpent,
luxe ostentatoire de l'époque impériale, les conservateurs regrettaient le bon- devenu alors essentiellement le symbole
heur des origines, lié selon eux à la sobriété des mœurs de l'ancienne Rome.
du Mal.
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